13 fév 22

430. Reçu il y a quelques jours les réponses à ma recherche sur mon grand-père paternel cette fois, en rhizome avec les Archéologies ferroviaires. Peu de choses en soi, mais c’est un début (sa carrière à la SNCF). Une nouvelle pierre d’attente.

431. Terminé Vertiges de Sebald : la magie opère, j’admire la fluidité de son écriture, comment les associations mémorielles et visuelles sont délicatement liées les unes aux autres, le tout traversé par une profonde mélancolie. Sebald suit Stendhal, Kafka, voyage en Italie, revient (« il ritorno in patria » : titre du chapitre consacré à son séjour allemand, mais le titre en italien laisse deviner la prégnance de l’Italie, titre de transition, de déplacement autant géographique que linguistique) dans le village de son enfance, W., y croise les fantômes du passé. Précision des détails, des descriptions. Dernières pages saisissantes d’un songe alors qu’il est rentré en Angleterre. J’associe ce songe au ‘Grand incendie de Londres‘ de Jacques Roubaud, somme énorme de 2063 pages (Fiction & Cie, Seuil), née d’un songe le 5 décembre 61 :

Dans ce rêve, je sortais du métro londonien. J’étais extrêmement pressé, sous la pluie grise. Je me préparais à une vie nouvelle, à une liberté joyeuse. Et je devais pénétrer le mystère, après de longues recherches. Je me souviens d’un autobus à deux étages, et d’une demoiselle (rousse ?) sous un parapluie. En m’éveillant, j’ai pensé que j’écrirai un roman, dont le titre serait le grand incendie de Londres, et que je conserverai ce rêve, le plus longtemps possible, intact.

Je lis sur la jaquette du livre de Jacques Roubaud qu’il s’agit « d’une vaste mise en œuvre de la mémoire et de ses effets sur le temps par le temps. Quelque chose comme des ‘arts de la mémoire’  dans leur continuation moderne. »

Me revient en mémoire ma lecture de Tokyo infra-ordinaire, où Jacques Roubaud visite physiquement et par l’écriture chacune des stations de la Yamanote-line qui ceinture Tokyo. Contrainte oulipienne systématique : toutes les stations de train, de manière à boucler une boucle. Il y a un côté systémique chez Jacques Roubaud, différent des errances de Sebald.