9 septembre 21

124. J’avance. En parallèle, lecture du Naufragé de Thomas Bernhard (1983). Ressassement dans l’écriture : confrontation à l’autre, au génie, au suicide. Il est question, entre autres choses, de la place de chacun ici-bas. Le personnage de Wertheimer est appelé «  sombreur » par le personnage de Glenn Gould, dont le génie pianistique écrase les deux autres (le narrateur et Wertheimer) ; Wertheimer est celui qui sombre et se suicidera. Soliloque du narrateur. L’histoire d’un homme qui sombre, donc, face à un évènement inattendu. Je transpose cette situation aux nombreux jeunes hommes qui ont sombré à cause de la guerre d’Algérie. Et je reviens à cet aspect agonistique, conflictuel, de l’homme confronté à plus fort que lui : l’histoire de tout le monde, bien sûr ; histoire du combattant, en particulier. Et on arrive vite à la question suivante : se battre au nom de quoi, selon quelles valeurs, avec quelles armes. Particularité de l’armée : l’obéissance. Et son pendant, la désobéissance à un ordre illégal (qui n’apparaît qu’en 1972, reformulée en 2005 dans le Bulletin officiel des armées qui précise que «le subordonné doit refuser d’exécuter un ordre prescrivant d’accomplir un acte manifestement illégal»). Conséquence légale de la guerre d’Algérie, d’ailleurs. Mais enfin, de 54 à 62, il n’est pas encore question de cela. Chaque soldat se retrouve seul avec lui-même à l’heure de prendre une décision terrible. Assez pour sombrer, donc.