
158. Lecture en cours de Sous le feu, la mort comme hypothèse de travail, de Michel Goya (2015), → chap.5. Etude historique et psychologique des comportements humains en temps de guerre. Passionnant. L’auteur évoque aussi son expérience personnelle de gradé à Sarajevo. Chaque hypothèse ou analyse est illustrée d’exemples, de témoignages de soldats engagés sur les différents théâtres d’opération (guerre civile aux Etats-Unis, XIXe, 14-18, 39-45, Indochine, Vietnam…curieusement, pas de mention de la guerre d’Algérie – mais j’ai trouvé sur son blog La voix de l’épée un article sur cette guerre).
Repéré :
- combat obéit à loi de puissance : loi de Pareto (ou loi des 20/80 : 20 % d’effecteurs produisent 80 % des effets ; acteurs vs figurants ; « quantité donnée de terreur » selon Ardant Du Picq, que chacun peut supporter ; stimulation vs inhibition
- combattre : entrer dans zone de mort, endroit surréel, absorption en quelques minutes les émotions de plusieurs années de vie moyenne
- avant assaut : cruauté de l’attente sans pouvoir agir : libération de l’angoisse dans l’action / torsion du fonctionnement de l’esprit, surcharge émotionnelle + surcharge des signaux→ insensibilité momentanée à l’horreur / perceptions se restreignent : plans larges impressionnistes – focales hyperréalistes / esprit occupé par une seule idée ou une seule image concrète (chef, drapeau, objectif à atteindre)
- pouvoir exorbitant de tuer ajoute une dimension tragique supplémentaire à pression psychologique de la peur au combat
159. Refus du romanesque, entendu comme exaltation, embellissement, imagination débridée.
160. Comment écrire une scène de guerre ? Recherche du réalisme et refus des clichés.
Récits guerriers dans la littérature. Rapport de l’écriture à la réalité : question de la mimèsis (Platon refuse les arts imitateurs de la réalité dans la cité, parce qu’ils sont éloignés du Vrai idéel – Idées/Sensations/Imitation – ; Aristote me parle plus : plus positif que Platon, il met l’imitation au cœur de l’activité artistique. Imitation simple / stylisation de la nature. Plaisir que nous avons à voir une représentation. Goût pour l’imitation (on apprend en imitant, « la peinture s’apprend au musée », Proust et les pastiches, etc.) révéler la nature humaine, les universaux, grâce à l’imitation (cf. tragédie grecque).
Barthes et l’effet de réel (in Le bruissement de la langue), je relis pour me remettre au clair : Sémiotiquement, le « détail concret » est constitué par la collusion directe d’un référent et d’un signifiant ; le signifié est expulsé du signe, et, avec lui, bien entendu, la possibilité de développer une forme du signifié, c’est-à-dire, en fait, la structure narrative elle-même (la littérature réaliste est, certes, narrative, mais c’est parce que le réalisme est en elle seulement parcellaire, erratique, confiné aux « détails », et que le récit le plus réaliste qu’on puisse imaginer se développe selon des voies irréalistes). […] autrement dit, la carence même du signifié au profit du seul référent devient le signifiant même du réalisme : il se produit un effet de réel, fondement de ce vraisemblable inavoué qui forme l’esthétique de toutes les œuvres courantes de la modernité. (1968)
161. Plus que le réalisme donc, le vraisemblable grâce au détail concret qui dit « je suis le réel ».