1er oct 21

155. Ma cousine m’envoie des photos de mes arrière-grands-parents, ainsi que de mon père très jeune, avec sa sœur Danièle. C’est inattendu. Choc. Une autre de moi bébé, et une scène familiale où ma mère apparaît chez ses beaux-parents. Dans le fil de la discussion, j’apprends que Martine, sa sœur, possède aussi des photos de mon père marin. Je l’appelle, elle dispose en effet de photos ; et de quelques souvenirs (elle était très jeune quand mon père est rentré d’Algérie, début 63). Les ectoplasmes prennent un peu de chair, un peu, c’est troublant. Je discutais ce matin avec Gauthier K. de la similarité de nos projets d’écriture. Son texte en cours est aussi bâti sur des absences, celle de ses grands-parents. Tout cela me fait l’effet d’un tissage de vides et de pleins, avec une navette hésitante.

156. Lu l’excellent Merdeille de Frédéric Arnoux, chez Jou. Récit à la 1ere personne de relégués de la société de consommation dans un avenir postapocalyptique. Très fort, pensé à Fiskadoro de Denis Johnson, entre autres. Merdeille est un titre subtil : de la merde à la merveille, ou comment survivre en bouffant des rats. Analyse impitoyable de la société de consommation, vue du côté des perdants. Le néologisme, par la substitution du d au v, fait hésiter la lecture entre les deux signifiants. Le d (voyelle dentale), celle des dents que le boxeur compulsif Kiki fait tomber à coups de poing à la moindre contrariété, pour alimenter le business des dentistes, les nantis, loin de là-où-ils-habitent, le narrateur et Kiki.

157. Lu Le ravissement de Lol V Stein. Intéressé par la façon dont le narrateur masculin s’empare de ce qu’il ignore sur Lol. Aimé les «  j’invente » ou « je vois ceci » de Duras, façon de montrer du doigt la fiction dans la fiction. Analyse fine des triangulations amoureuses. Duras manie le décrochage constant de l’instance de narration (je/il/elle), tout en gardant un point de vue interne. Rapidité des changements qui introduit des hésitations dans la lecture.

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