28 sept 21

L’épée de Jean Bart est aussi poinçon

146. Déchiré entre haillons de souvenirs, indigence d’informations relatives à mon père, et désir de tout dire. Irrésoluble empan. Il me faut sortir de cette aporie paralysante. Je reprends aujourd’hui l’écriture de A. Je réalise soudain que ce mot, paralysant, couve comme un feu depuis tôt ce matin. Il est relié au mot analgésie, tous les pharmakon que l’on s’autoadministre pour soulager la douleur. Je me souviens, par association d’idées, que mon père prenait (peu ? Souvent ? ) des anxiolytiques. J’ai quelques feuillets sur «  fumer », comme autre pharmakon. Il faudrait ajouter l’alcool, à l’armée, et de retour à la vie civile. Renvoi brutal à ma propre pratique des toxiques, de ce qu’elle modifie de notre rapport à la réalité, à notre corps. Piste à suivre. Je rajoute ce thème au chantier.

147. Une ancienne amie, Elsa, a repris contact grâce au site L’Œil a faim. Elle a connu mon père. Intéressée par mon projet, elle me rappelle Le ravissement de Lol V Stein, de Duras, et Histoire des grands-parents que je n’ai pas connus d’Ivan Jablonka. Je n’ai lu aucun des deux, qui ont à voir sur le dispositif mémoriel et littéraire que les écrivains mettent en place pour écrire sur les absents. Je suis stupéfait des boucles de l’existence qui offrent ces retours de personnes que l’on n’a pas oubliées, mais qui devenaient souvenirs toujours plus lointains. Ou tout est affaire de rendez-vous manqués ou réussis. Ou a à voir avec la noosphère de Theilard de Chardin. Cette théorie d’une interconnexion des psychismes humains me plaît beaucoup.

148. Assez désespéré par la quasi absence de progrès dans ce projet, j’en ai ouvert un autre, au risque de la dispersion (mais la thématique est très proche ; peut-être n’écrit-on finalement toujours qu’un seul et même livre-Protée). J’en ai en tout cas écrit l’arc narratif, puisqu’il s’agit de prose, et l’ensemble est maintenant assez défini. Titre trouvé. Mais squelette décharné. Qui me sert donc de pharmakon.

149. Hier, Zoom avec la grande équipe du Tiers-Livre, où l’on a brassé, comme toujours, de nombreux thèmes, entre autres celui de l’unification du site actuel du TL et du nouveau site sur la plateforme Patreon. Question aussi d’une revue littéraire mensuelle/trimestrielle. Projet excitant.

150. A ne pas écrire, le gouffre s’ouvre.

151. Envoi de mail au Service historique de la Défense de Cherbourg et de Toulon, afin de savoir s’ils détiennent des informations.

152. Commence à trouver une cohérence pour la structure de A., avec 7 premiers blocs ou fragments. Pour l’heure, fragments. Le fragmentaire, plus que l’instabilité (la non-fixation), promet le désarroi, le désarrangement. (Blanchot, L’Ecriture du désastre). Le désarroi : dérouter, mettre en désordre.

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