11 septembre 21

126. Je poursuis dans l’esprit rageur de Thomas Bernhard avec Potlatch (1954-1957) de Guy Debord : situationnisme, questionnement radical de l’ordre établi (bourgeois, capitaliste), c’est l’intégrale des 27 bulletins de Potlatch parus entre le 22 juin 54 et le 5 novembre 57, «  bulletin d’information du groupe français de l’Internationale lettriste », dont la vocation était de réunifier création culturelle d’avant-garde et critique révolutionnaire de la société. Je le lis en écho de la Société du spectacle (1967) qui m’avait fortement impressionné (et qu’il me faudra relire d’ailleurs, souvenir trop lointain). Dans les bulletins de Potlatch, j’attends de tomber sur les références à la guerre d’Algérie, pour leur éclairage (je doute fort que mon père ait eu en main l’un des bulletins envoyés gracieusement aux quelques abonnés). Ce qui m’intéresse ici, c’est l’histoire des idées, le Zeitgeist (ou esprit de l’époque), tout ce qui fait d’un sujet un produit historique déterminé par des forces dont il n’a d’ailleurs pas conscience.

127. Beaucoup de lectures (c’est un plaisir) pour accoucher d’une ligne ou d’un adjectif…écrire n’est pas une opération économiquement rentable (je parle pour moi, et ne prends pas en compte certaines publications qui inondent régulièrement les têtes de gondoles (à se tordre, dit A. Allais), de toute cette diarrhée feel good exécrable, pour laquelle il faut une manière de médiocre talent suppléé parfois par des algorithmes, bref, une Marchandise répugnante, massifiée, inutile et polluante, qui bouffe tout l’oxygène : il eût mieux fallu que certain/es s’abstinssent. Quand on pense que certaines œuvres contemporaines partent au pilon faute d’avoir trouvé leur lecteur, leur espace : règne de la médiocrité, de la lis-tes-ratures. Pas une entreprise économiquement rentable, mais l’enjeu est bien évidemment autre : que l’adjectif né de centaines d’heures de lectures et d’écriture fasse mouche chez un lecteur.

Laisser un commentaire